Le Bureau de charité
Amélie avait bien compris que la pire misère vient du chômage, du manque de travail. L’homme ou la femme, privés de travail, sont non seulement privés de ressources, mais ils se sentent inutiles et perdent leur dignité. Amélie veut lancer une association qui distribuera non pas des aumônes, mais du travail.
Amélie se concerte donc avec deux amies, achète un peu de mercerie, du fil, des aiguilles, de l’étoffe, de la laine, de la filasse et propose des travaux à faire à des pauvres qu’elle connaît. Tricots, toiles, filets et objets fabriqués sont revendus pas les soins du Bureau. Quelques dons et une loterie assurent la mise de fonds nécessaire. Peu à peu les estivants de Paramé, le clergé, la municipalité s’y intéressent et le "Bureau de charité pour le travail des pauvres" est reconnu.
Pour se développer, il lui faut un local et un comité de soutien. Le local, Amélie décide de l’installer chez elle et fait construire, adossée à sa maison, une petite pièce qui sera lieu de rencontre et boutique d’exposition. Le comité de soutien, ce sera un petit groupe de "Dames de Charité" qui se réunit régulièrement chez elle.
Amélie ne quittera le Bureau de Charité pour venir aux Chênes que lorsqu’elle aura assuré sa survie par la mise sur pied d’un Conseil d’Administration.
L’ouvroir
L’œuvre comportait également un ouvroir où des jeunes couturières bénévoles venaient remettre à neuf des vêtements usagés, préparer pour les premiers communiants de beaux costumes et distribuer aussi des layettes pour les nouveau-nés, des châles ou des gilets bien chauds pour les vieillards.
Les "parrainages" riches pauvres
On l’a souvent dit, Amélie Fristel, de par sa naissance, s’est trouvée dans un milieu plutôt aisé. Ses appels intérieurs l’ont toujours fait prendre option pour les pauvres. Elle a bien su conjuguer les deux choses : elle mettait ses relations au service de sa mission!
La commune comptait des propriétaires cultivateurs, mais abritait surtout des familles d’ouvrier agricoles et des marins, qui naviguaient pour le commerce ou dans la marine de guerre. À cette population fixe s’ajoutait tout un groupe de familles de la bourgeoisie de St-Malo qui avaient fait construire, dans cette campagne avenante, proche de la ville et des plages, des maisons d’été où elles s’installaient pour la belle saison et parfois pour la moitié de l’année; on comptait environ 160 résidences secondaires de ce genre, ce qui explique les voisinages et les réceptions auxquelles se complaisait Madame Fristel. Sa fille, elle, saura faire appel à la générosité de ces familles et y recruter ses "dames de charité" pour le service des pauvres.
Le Tiers-Ordre et la Congrégation
Pour ce qui est de la Congrégation, on peut le lire dans Fleur de Bretagne : "Du Tiers-Ordre sortira le noyau de la fondation : ses premiers membres (trois de ses premières compagnes à l’Asile des Chênes), sa règle primitive, sa spiritualité. La doctrine de saint Jean Eudes, spécialement son ardente dévotion aux Cœurs de Jésus et de Marie, marqueront profondément l’âme de la fondatrice." (p. 24).
"C’est dans cette société qu’Amélie Fristel a trouvé tous les moyens nécessaires pour accomplir sa vocation de fondatrice et c’est par la stricte observance du règlement de cette société qu’elle a réussi à réaliser l’unité de sa vie spirituelle." (Idem, p. 36)
Les petites écoles
Quand l’évêque lui demandera d’accepter "les petites écoles" dont les grosses congrégations ne veulent pas, il lui suggère, pour aider son "oui", de trouver des personnes préparées chez les AmiEs, dont beaucoup sont déjà dans l’enseignement, quitte à les remplacer temporairement dans les écoles où elles enseignent le temps qu’elles feront un noviciat. En même temps que collaboration Sœurs/AmiEs, l’œuvre des petites écoles témoigne d’un partenariat avec la communauté ecclésiale.
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