La honte est proche de la culpabilité. C’est ce que l’homme éprouve quand il n’arrive pas à garder une bonne image de lui-même. La honte reste souvent cachée sous l’agressivité, la révolte ou la dénégation. Il faut rester attentif à ce sentiment trop souvent caché. Ce veuf est honteux de sa tristesse et évite anxieusement toute discussion à propos de son épouse décédée. Cet enfant, face à ses camarades, se sent honteux de ne plus avoir de papa. Cette veuve est honteuse de son statut d’isolée. Une religieuse, revenue au monastère après l’enterrement de sa mère, se sent honteuse de sa tristesse : elle vit comme un manque de foi en Dieu.

Il faut respecter le sentiment de honte. Permettre qu’il s’exprime, reconnaître qu’il est naturel dans la tristesse, délivre des effets paralysants de la honte.

Il est bon, pour l’endeuiller qui se sent honteux, de pouvoir dire sa honte, sa solitude et même sa gêne de fonctionner dans et avec ses pairs. Et ici, je redis combien il est bon de partager toutes ces émotions, avec des personnes qui font partie d’un groupe de deuil... Non, ce n’est pas un état isolé dans le deuil, non, ce n’est pas une maladie de ressentir de la honte dans un deuil.

Depuis quinze ans, j’accompagne des personnes dans des groupes de deuil, et je ne peux taire combien il leur est bon (à tous et toutes) de partager leurs émotions et leur ennui, toujours spéciales, parce que ce sont leurs émotions propres, mais non malsaines. Elles diminuent quand on les partage, croyez-en mon expérience personnelle.

Je vous redis ma fidélité, et vous reviendrai, en parlant de la dépression et du désespoir… émotions très présentes dans un deuil.