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Heureux les affligés, car ils seront consolés

Introduction

Tradition biblique de l’A. T.

Les affligés

Les consolés

Regarder, affronter, dépasser

Temps d'intégration

LES BÉATITUDES

Les Béatitudes
Les Béatitudes, en général
Le bonheur à la manière de Jésus
Heureux les pauvres
Heureux les affamés
Heureux les cœurs purs
Heureux les doux
Heureux les miséricordieux
Heureux les artisans de paix
Heureux les affligés
Heureux les persécutés
L'homme et la femme des Béatitudes

En marche… les endeuillés…
« Heureux les affligés car ils seront consolés ».
Joie des éplorés, leur deuil sera plus léger.
Quel bonheur pour ceux qui sont en pleurs, oui, ils seront réconfortés.

(Françoise Dolto)

Introduction

Nous abordons maintenant le troisième volet du Bonheur en relation avec certaines situations (afflictions et persécution). Ces réalités, ces expériences de vie annoncées par Jésus et qui surviennent peu fréquemment, nous invitent à une Espérance possible et réconfortante… Les Béatitudes précédentes nous ont préparés à ces Béatitudes vécues.

La première vague de ce volet proclame : Heureux les affligés… ceux qui vivent l’affliction, ceux qui pleurent… les endeuillés, car ils seront consolés. Dans la langue française, on qualifie une personne "d'affligée" lorsque celle-ci éprouve un grand chagrin, une douleur profonde, en attirant surtout l'attention sur l'état d'âme de cette personne. Cet état d'âme peut toutefois s'extérioriser et se manifester par de la tristesse, des larmes et des lamentations. Il faut noter que cette béatitude ne touche pas une catégorie de personnes, mais des moments auxquels nul n'échappe (affliction, persécution). Ni le riche, ni le pauvre, ni le violent, ni l’artisan de paix ne sont dispensés de vivre des moments de larmes...

Le texte-source où Matthieu s'est inspiré est d'Isaïe 61, 2-3 (mission du prophète) on lit: « Annoncer une année de grâce de la part de Yahvé, un jour où notre Dieu se fera justice pour réconforter les affligés et ceux qui ont de la peine; (la récompense) leur donner un diadème au lieu de cendre, l'huile de la joie (parfum) à la place d'un vêtement de deuil, la louange au lieu du désespoir ».

La Récompense aux personnes affligées : une tenue de fête, au lieu d’un esprit abattu. Quel est le « champ d’action », de cette Béatitude ? Jésus voudrait-il ainsi fournir une espérance pour toutes les souffrances qui jalonnent notre vie ? Nous savons, par expérience, qu’il y a des temps où notre vie oscille entre la joie et la peine, le bonheur et la souffrance, les rires et les pleurs entre la lumière et les ombres…

Les "affligés" dans Matthieu ou Luc sont très concrets; les affligés pleurent leurs parents, leurs amis, leurs sécurités sociales, disparues ou menacées, ils pleurent une perte, une rupture... Cette béatitude vise spécialement les personnes qui vivent dans une grande affliction humaine mais sont appelés à garder une attitude de confiance en Dieu.

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Tradition biblique de l’A. T.

Dans la tradition biblique de l'A. T. il y a la petite histoire abrégée des larmes. Avant le déluge : Adam et Ève sont chassés du paradis. Pas une larme. Caïn tue Abel. Il est maudit. Pas une larme. Les premières larmes de la Bible, mentionnées, après le déluge, furent celles d'une mère : Agar « Assise à l'écart, elle éleva la voix et pleura », Gn 21, 16. Pleurs d'Abraham portant le deuil de Sara, Gn 23, 2. Sanglots de Jacob apprenant la fausse nouvelle de la mort de Joseph, Gn 37, 34 et larmes à flots de Joseph à la mort de son père Jacob, Gn 50, 1. Larmes du peuple en déroute au temps de Moise, (Nb 11, 10 et 13). Larmes d'Anne la stérile, (1 S 1, 10). Larmes de David et de Jonathan dans l'effusion des retrouvailles et les embrassades des adieux, (1S 25, 41). Larmes de David à la mort de : Saul et de son ami Jonathan, (2S 1, 12); à la mort du fils que lui donna Bethsabée, (2S 12, 22); à la mort de son fils Absalon, (2S 19, 1). Larmes de rois mais aussi de prophètes. Lamentations de Jérémie et les pleurs de pleureuses annonçant l'exil de 586, Jr 9, 16-17. Isaïe annonce que Yahvé consolera : Is 49, 13 « Yahvé consolera son peuple, il a pitié des affligés ». Isaïe 66, 13 « Comme un homme que sa mère console ainsi moi je vous consolerai ».

Les prières dans les psaumes sont irriguées de larmes : « Je n'ai de pain que mes larmes Les pleurs me rongent les yeux », (Ps 31, 10). Les psaumes décrivent les difficultés de la vie quotidienne vécues par les serviteurs du Seigneur : maladies, persécutions, approche de la mort, deuil, tristesse, trahison, silence de Dieu, (Ps 3, 4, 13, 22, 28, 41, 54, 55, 86). Dans les psaumes il est comme naturel de se tourner vers le Seigneur pour lui dire son affliction. Cette prière en deux temps exprime l’attitude du pauvre de cœur : crier sa douleur au Seigneur et s'appuyer sur lui en toute confiance.

Le psaume 91, 15 : est un bon exemple de cet appui que le Seigneur accorde à la personne qui souffre. Il m’a appelé, je lui réponds. C'est un chant de confiance en Dieu au cœur de l'épreuve. C'est une prière d'espoir, d'assurance, de consolation. On pourrait encore glaner dans la Bible bien d'autres références ayant trait aux affligés, car c'est tout l'histoire du peuple de Dieu qui baigne dans une vallée de larmes. (St Bernard… Salve Régina)

La tradition biblique de l'A.T. décrit le mot "affligé" non seulement une tristesse intérieure, mais surtout une douleur exprimée, une tristesse qui explose au dehors. L’extériorisation d’une douleur particulièrement intense. La situation type qui caractérise le mieux l’affligé est la perte d’une personne aimée : les affligés sont pareils à des gens qui viennent d’être frappés cruellement dans leur affection et qui pleurent une personne, une situation. Le Petit Prince dit : « C’est tellement mystérieux le pays des larmes… » - le petit Prince : « Un jour j’ai vu le soleil se coucher quarante-trois fois… et il ajoute… Tu sais… quand on est tellement triste on aime les couchers de soleil… » - L’Aviateur ajoute : « le jour des quarante-trois fois tu étais donc tellement triste ?... » Mais le petit Prince ne répondit pas … (Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince, p.26). Dans la tristesse on apprécie : les petits rayons de soleil du moins il faut s’efforcer de les voir.

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Les affligés

Regardons d’une façon rapide aussi quelques affligés du Nouveau Testament : Larmes devant la mort : Jaïre pleure sa fillette, (Mc 5, 39); la veuve de Naïn pleure son fils unique et en l’apercevant, en larmes, Jésus est bouleversé d’émotion, (Lc 7, 13); larmes de Jésus au tombeau de son ami Lazare : Les juifs disent : Voyez comme il l’aimait, (Jn 11, 35-36); Jésus en larmes devant Jérusalem dévoyée, (Lc 19, 41-44); larmes de repentir, de regret et de reconnaissance de Marie-Madeleine qui baigne de ses larmes les pieds de Jésus; larmes de Pierre suscitées par le regard de Jésus; le Christ est affligé par les Pharisiens et par cette bande d'intellos, Sadducéens et docteurs de la Loi; Christ affligé davantage encore de voir ses intimes, ceux qu'il avait choisis, ne rien piger à sa Parole; « et vous aussi allez-vous me quitter ? » et, pour finir, de voir un Judas le trahir; Christ affligé jusqu'à la mort et la mort de la croix, tel que le second Isaïe en avait eu le pressentiment (Isaïe 53, 2-5 à lire).

Jésus Christ a connu la souffrance et il a prié le psaume 117, 5 « Des profondeurs de ma détresse je crie vers Toi Yahvé, Seigneur, écoute ma prière, mon appel… » Entend-il ou n'entend-il pas ? C'est le cri de la foi... cri de révolte aussi. Cri dans le vide. Sur la croix, Jésus souffrant fait appel à son Père : « Pourquoi m'as-tu abandonné? » Ce cri du Christ sur la croix contient tous les cris de détresse du monde entier. Unis à Lui, nous avons la possibilité que nos cris deviennent prière, si on s’unit à Lui. Jésus Christ n'a pas fuit le tragique de la condition humaine, il est allé jusqu'au bout... « Ma vie nul ne la prend c'est moi qui la donne ». Cette béatitude porte donc toutes nos larmes, provoquées par différentes formes de souffrances, et rejoignent ainsi le message de consolation de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos de vos âmes », (Mt 11,28-29). On peut alors interpréter la béatitude dans le sens suivant : Bienheureux êtes-vous, vous qui êtes plongés dans une forme de malheur, de misère, car Dieu va intervenir pour vous.

Dans la Parole de Dieu nous trouvons toujours la phrase qu’il nous faut pour soutenir notre Espérance. Est-ce notre premier réflexe d’aller chercher dans la Parole de Dieu une phrase, un texte réconfortant… Souvent dans les textes de la Liturgie du jour on y trouve ce dont on a besoin. Dieu a aussi souci du sort des affligés; et il leur témoigne sa faveur, par sa promesse : ILS SERONT CONSOLÉS… monde à venir.

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Les consolés

L'affliction comme la persécution ne constituent pas des attitudes ou des options de vie mais des expériences pénibles vécues par les disciples de Jésus mais il ne faut surtout pas oublier : sa promesse future « Heureux les affligés car ils seront consolés » Cette consolation promise vient de Jésus, c'est Lui qui lui donne un sens parce que Lui d'abord l'a vécu avant moi. La souffrance et le mal ne sont pas bénéfiques (en soi) mais ce sont les fruits qui en germent qui sont bénéfiques et ces fruits sont : 1) la confiance en Dieu, 2) la foi, 3) la sérénité, 4) l'espérance, 5) la force morale, 6) la joie, 7) la paix.

La béatitude des larmes, dans sa deuxième partie, « ils seront consolés » est promise aux passionnés du Salut. Être consolé par Dieu, c’est être capable aussi d’apporter une consolation. Nous sommes porteurs de la consolation même de Dieu, mais cela ne se fait pas de n’importe quelle manière. Il faut soi-même avoir vécu le deuil pour comprendre comment des phrases toutes faites n’ont pas toujours le mérite ou le don de consoler et d’encourager. Vaut mieux dire : Je suis là, si tu as besoin… que de prononcer des phrases que l’on connaît et qui choquent plus qu’elles n’apportent de soutien.

N’oublions pas que nous sommes toujours seuls à vivre notre propre douleur. Personne ne peut la vivre à notre place. Ce dont nous avons besoin, c’est que quelqu’un nous accompagne, qu’il se fasse proche. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous aide à accueillir cette souffrance, qui nous épaule et qui nous soutienne, qui nous reflète notre souffrance et nous aide à trouver les moyens pour vivre le mieux possible ce passage. Mais n’oublions pas, nous avons la réponse au-dedans et que l'on s'affaiblit quand on crie sa peine, sa détresse à droite et à gauche, on perd sa force intérieure. Dans toute vie il y a des expériences difficiles et si on est honnête il nous faut reconnaître qu'elles nous aident à grandir. On ne vit rien pour rien. Faire notre histoire personnelle de larmes et réaliser ce qu’elle nous a apporté des fruits.

Le fondement de cette béatitude des larmes c'est bien la foi pure et dépouillée en Celui qui n'a rien d'autre à dire pour nourrir son espérance: « Je m'en suis sorti », ou plutôt : « L'amour du Père, l’exemple du Christ et la puissance de l'Esprit, m'ont aidé à m'en sortir ». La béatitude des larmes ne s'adresse donc pas aux mendiants de paroles faciles mais aux croyants qui acceptent que leur espérance soit éprouvée dans le clair-obscur de la Passion.

Les textes de l'A. T. et du N. T. rejoignent une sorte de souffrances, inhérentes à la condition humaine et aux aléas de l'existence que l'on appelle les déterministes, les choses que l'on ne peut pas changer. Nommons-en quelques-uns : le quotidien et son usure; on se sent diminuer, moins capable physiquement, moins d’endurance; diminuer moralement, émotivement; pleure plus facilement, moins de relation, alors s'ajoute la solitude qui nous diminue : moins de relations, nous qui avons été très souvent dans un monde de connaissances d'amis assez nombreux... même avec l'âge on demeure des mendiants de la relation humaine; la maladie, la mort; rupture laisser un milieu pour un autre; les séparations, l'incapacité, les infirmités; l'insécurité des autres et les nôtres; insécurité devant une relève non-existante ici; les conflits en nous et autour de nous, dans le monde; l’incompréhension; la solitude, les deuils, l'âge, le vieillissement; les temps de crise, les différentes nuits de la foi, notre propre mort... etc.

Abordons un aspect de l'affliction, de la souffrance qui nous attrape un jour ou l'autre vieillissement ou cette marche vers l'Âge d'Or. Douloureuse cette saison de l'âge, à certains égards, mais heureuse quand on considère qu'elle est en montée continuelle vers ce qui sera la pleine lumière. À cette étape de la vie, la nature humaine, tendue vers l'Éternité, est en perpétuelle progression vers la Résurrection. Elle ne revient jamais en arrière. Dans ce sens, on a raison de parler de vie montante, de marche en avant, à condition de ne pas tenir un discours lénifiant c.à.d. amollissant ou adoucissant au moyen d'un calmant pour atténuer ou apaiser la réalité.

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Regarder, affronter, dépasser

La question : Qu'est-ce que Dieu attend de mes plus ou moins vieux jours que je suis en train de vivre en ce moment, ou que je me prépare à vivre, pour me dépasser tant qu'il en est temps ? Ces situations que nous ne choisissons pas c'est la couleur noire de l'existence que l'on s'évertue, tant bien que mal, à faire changer en la couleur verte de l'Espérance. Devant la souffrance (tiraillement) qui nous accable nous avons souvent bien de la difficulté à prendre le temps de la regarder – de l’affronter – de la dépasser. Nous savons (dans notre tête) que Dieu ne veut pas le mal, il le permet, le tolère. Comme il nous a fait libre il nous laisse la possibilité de choisir la manière de la vivre : me battre avec ou la transformer en résurrection.

Dépasser notre douleur ou notre souffrance prend, pour nous croyants et disciples de Jésus un nom; LA FOI... qui donne un sens à notre souffrance et qui nous aide à rendre Dieu présent à cette expérience douloureuse, à le mettre au-dedans de cette expérience. C'est à la suite de ce triple mouvement (regarder, affronter, dépasser) que dans les afflictions, les souffrances, les persécutions, la SÉRÉNITÉ prend le gouvernail de notre vie. La sérénité ne demande qu'à s'embarquer avec nous. La sérénité s'enracine dans la foi ? La foi n'est pas un supplément d'âme, elle fait corps avec la vie. La foi est un « en dedans de l'être » qui prend toute la personne. La foi est passion, elle aide beaucoup quand la souffrance vient empoisonner notre existence. Foi adulte souvent accompagnée de doute mais aussi de certitudes.

Rencontrer Dieu, en l'occurrence, dans une situation douloureuse n'est-ce pas se laisser retourner par Lui... retourner à Lui après avoir pris des détours qui nous ramènent à Lui, le vrai chemin. « Fais-moi revenir, dit le psaume et je reviendrai », telle est la dynamique de la conversion. Il nous faut apprendre, que dans le lot de la vie que Dieu nous a réservé, souffrance et sérénité doivent et peuvent alterner, cohabiter. Il nous faut toujours apprendre à regarder et à affronter la souffrance, pour la dépasser (grandir) par la suite dans ce qu'elle a d'inhumain.

Il nous faut être réalistes et relever le défi, puisque nous n'échappons pas à ces griffes, souffrir en se grandissant alors que la souffrance a quelque chose de diminuant.

« Heureux les affligés... »
Parce qu'ils portent en eux des trésors de fécondité spirituelle et apostolique,
s'ils sont greffés à Jésus comme la branche est greffée au tronc de l'arbre :
alors la sève, la même vie, circule dans les branches
et dans le tronc et permet à tout l'arbre de porter du fruit.

« Heureux les affligés... »
Parce qu'ils seront consolés par leurs frères et sœurs de la terre
qui exerceront envers eux le beau ministère de la compassion.

« Heureux les affligés... »
Parce qu'ils seront consolés par Dieu lui-même,
à qui ils s'uniront en Jésus et qui leur permettra de comprendre
que leur souffrance n'est pas inutile.

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TEMPS D’INTÉGRATION

  • Quelles formes prennent mes souffrances ?
  • À l'exemple de Pierre, il m'arrive de renier Jésus
  • Comment Jésus regarde sa souffrance ?
  • Comment Jésus affronte sa souffrance '?
  • Comment Jésus dépasse sa souffrance ?
  • Pour vivre, à la manière de Jésus, qu'est-ce qui pourrait m'aider, dans les souffrances ou les difficultés de la vie, à continuer à rester debout?
Sr Lise Marsan, ss.cc.j.m.
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