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Heureux les doux, car ils possèderont la terre.

Les Béatitudes dans notre relation aux autres

Douceur dans l'Ancien Testament

Pour former Jésus en nous

Des auteurs de spiritualité...

Le doux accepte le temps de Dieu

Temps d'intégration

LES BÉATITUDES

Les Béatitudes
Les Béatitudes, en général
Le bonheur à la manière de Jésus
Heureux les pauvres
Heureux les affamés
Heureux les cœurs purs
Heureux les doux
Heureux les miséricordieux
Heureux les artisans de paix
Heureux les affligés
Heureux les persécutés
L'homme et la femme des Béatitudes

En marche… les humbles…
Heureux les doux car ils possèderont la terre en héritage.
Joie des tolérants,
Ils auront la terre en héritage.
Quel bonheur pour ceux qui sont doux!
Oui, ils hériteront de la terre

Les Béatitudes dans notre relation aux autres :

Nous entrons dans le 2e volet de notre réflexion, soit le Bonheur en relation avec le prochain. Ces béatitudes « Heureux les doux, miséricordieux, les artisans de Paix » suggèrent des attitudes que Jésus a lui-même pratiquées envers les autres. Avec Dieu, on peut toujours croire que ça va bien, il est assez silencieux. Avec le prochain c'est moins facile parce que celui-ci n'est pas nécessairement silencieux… Il arrive assez souvent qu’il s'exprime clairement…  St Thomas d'Aquin écrit : « Si nous sommes crées pour être heureux, nous sommes créés pour être heureux avec les autres. »

Avons-nous l’ambition, le désir :

-  d’être heureux avec les autres, grâce aux autres ?

-  et aussi de rendre les autres heureux ? 

Nous avons à être conscientes que nous sommes responsables, d'une certaine façon, du bonheur d'autrui. À ne pas oublier, que dans l’application concrète de chaque Béatitude, il y a une partie qui m’incombe...

Entendons Jésus proclamer : « Heureux les doux », suit la promesse pour l’avenir, « car ils posséderont la terre en héritage »  Joie des tolérants, ils auront la terre en héritage

Situation actuelle

Parler aujourd'hui de douceur, de tolérance, c'est presque faire référence à un autre monde, quand on considère la violence aux mille visages qui s'étale devant nos yeux : la guerre entre les pays, la guerre aux terroristes, la violence entre les nations, entre les ethnies d'une même nation, violence dans les foyers, violence entre conjoints, à l'endroit des enfants, entre les individus, à l'endroit des personnes âgées ou invalides, violence verbale, non-verbale, violence psychologique, harcèlement…  La violence est tellement présente que le gouvernement du Québec a promulguée une loi sur le harcèlement depuis le 1er juin 2004, je crois …

Aussi que de violences inconnues… La douceur est plutôt mal vue dans le contexte actuel car on l’associe spontanément au comportement du mouton. Être doux comme un mouton équivaut à être entièrement passif… « suiveux ».

Quand Jésus proclame : « Heureux les doux » il ne fait pas l’éloge de la passivité, de la mollesse… Au milieu de notre décor contemporain, Jésus proclame encore aujourd’hui, avec assurance : « Heureux les doux car ils auront la terre en héritage ». Malgré la violence que l’on retrouve dans l'Ancien Testament, celui-ci parle de douceur…

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Quel sens donne-t-on à la douceur dans l’ancien Testament ?

Le terme "doux ", dans l'A.T., ressemble au terme "anawin" (humbles ou pauvres) comme nous le montre ce texte des Nombres 12, 3 : "Moïse était un homme très humble (anawin) très doux plus qu'aucun homme sur terre".  (Cet homme doux a tué l'Égyptien; brisé les Tables de la Loi…) Dans le contexte, cette affirmation signifie que Moïse était un homme calme, patient et qui ne s'échauffe pas, ne parle pas fort, qui a de la maîtrise. On lit dans l'Ecclésiastique (Si) 45, 4 ce que Yahvé dit en parlant de Moïse « Dans la fidélité, la douceur Yahvé le sanctifia, il le choisit parmi les vivants ».

(Si l, 27) « Car la crainte du Seigneur est sagesse et instruction, ce qu'il aime, c'est la fidélité et la douceur ».

(Si 4,8) « Prête l'oreille au pauvre et rends-lui son salut avec douceur… ».

Comme pour d'autres Béatitudes la référence de cette béatitude : « Heureux les doux car ils possèderont la terre » se retrouve particulièrement dans les psaumes. Les mots Terre et pays sont synonymes dans les psaumes. Et c’est au psaume 37, 11 que nous empruntons pour une bonne part sa formulation en particulier les versets 11, 22, 29.

Le verset 11 : « … mais les humbles (les doux) posséderont la terre, réjouis d'une grande paix ».

Le  Verset 22 « … les bénis du Seigneur hériteront la Terre , mais les maudits seront abattus »

Le verset 29 « … les justes hériteront la Terre , y vivront à jamais »

Sans aucun doute la ressemblance de ce psaume avec cette béatitude est évidente. Travailler la terre, jouer dans la terre c’est curatif… aucune idée de violence. Des citations de l'A.T. nous prouvent qu’il existe une tradition dans laquelle l'héritage de la terre devient le symbole de la jouissance tranquille d'un bonheur stable. (Bénédiction, récompense). La promesse, réservée aux doux et aux humbles d’hériter de la terre, de posséder la terre est la même que celle faite par Dieu à Abraham.

Dans Gn. 15, 1-8 quand Dieu fait alliance avec Abraham, celui-ci lui demande « … en quoi saurai-je que je posséderai le pays » la terre ...

•  Is. 57, l3  « … mais celui  qui se fie en moi héritera du pays et possédera ma montagne sainte ».

•  Isaïe 60, 2l-22 « … ton peuple ne sera composé que de justes qui posséderont pour toujours le pays ».

Ce pays, dont parle Yahvé, cette terre promise à Israël, vous l'avez deviné, figure le Royaume de Dieu, promis par Jésus aux doux... et que le Bonheur dont jouiront ses disciples arrivera quand le Règne de Dieu sera accompli....

Dans la spiritualité juive, cette terre promise, est devenue le symbole de ce que Dieu donne en récompense d'une vie conforme à sa loi. Cette Béatitude promet une récompense tangible. Le Seigneur ne nous exhorte pas seulement en promettant des biens futurs, mais aussi des biens présents...

La clé de la promesse de cette Béatitude est dans la compréhension du mot « posséder ou hériter ». Dans la Bible , l'héritage s'applique à un patrimoine où les générations se suivent et vivent en paix. L'héritage est un domaine garanti par la loi qui donne le moyen de le retrouver en cas de malheur (Lv. 25)

Dans un peuple ainsi réglé, une certaine douceur commune permet à chacun

- d'aimer sa terre;

- de l'embellir mais pas seulement de l'exploiter;

- d'en préparer l'avenir, au lieu d'en tirer seulement l'immédiat.

Les violents ne font que camper sur la terre, comme Caïn (Gn 4, l6). Seuls les doux, la possèdent et ils y établissent quelques souvenirs du jardin d'Éden. Sans voir leur Dieu face à face, il leur arrive de le deviner. Ce n'est pas sans raison que les civilisations issues du Christ ont toutes été de très grandes civilisations paysannes.

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Pour former Jésus en nous, continuons à le contempler tel que Matthieu le présente.

Au chapitre l2, l5-2l, Matthieu brosse le portrait du « Serviteur de Dieu » qui;

- ne dispute pas;

- ne cherche pas de querelles;

- qui ne brise pas le roseau froissé; qui ne le jette pas par terre… ne le démolit pas… ne le casse pas

- n'éteint pas la mèche qui fume encore... ne soyons pas des éteignoirs…

Ces attitudes de Jésus sont sans contredit, celles d'un homme doux. Pour Jésus, les doux ne sont pas des mous, des invertébrés dépourvus de personnalité, un peu insignifiant, sans caractère, ni tempérament. Ce n'est sûrement pas cette sorte de douceur que Jésus a béatifié... mais plutôt des démineurs, des experts qui au risque de leur vie, désamorce les engins meurtriers… Jésus ne casse pas les Tables de la Loi , cependant il chasse, à coups de fouet, les vendeurs du temple. Les paroles violentes et injurieuses que Jésus lance aux Pharisiens, les qualifiant de tous les noms, montrent bien que la douceur de Jésus n'est pas démission mais force, fermeté pour dénoncer ce qu'il faut dénoncer…

Il existe deux autres textes dans l'Évangile de Matthieu qui attribuent directement le qualificatif de « Doux » au Christ. Le premier bien connu : Mt 11, 29... « Mettez-vous à mon école car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez soulagement pour vos âmes ». Qu'est-ce qui permet à Jésus d'affirmer cela? C'est la contemplation du Père… La douceur est le propre de Dieu…

Le psaume 27, 4 le proclame ... « …la chose que je demande, savourer la douceur de Yahvé ».

Le psaume 90, 17 « La douceur du Seigneur soit sur nous ! »

Jésus ne s'est jamais opposé à la volonté de son Père. À Gethsémani, quelques heures avant de mourir, il laissera échapper ce cri : « que ce calice s'éloigne de moi, si c'est possible! » mais d'ajouter immédiatement : « Non pas ma volonté, Père, mais la tienne ! » (Mt 26, 39).

Cette dépendance envers son Père, dans la mission confiée, Jésus la vit dans la liberté de l'amour (aime et fais ce que tu veux) c'est ce qui lui permet une émanation de la sagesse qui l'habite. Sagesse qui n'est pas seulement sérénité de l'être, mais aussi l’expression de la présence active de l'Esprit sous les traits de la douceur.

La douceur prend sa source dans l’Esprit… on sait qu’il en est un fruit... On aimerait savoir comment Jésus l'a vécue, cette douceur, au jour le jour, mais les Évangiles demeurent très discrets. Certainement douceur avec sa mère, dans une intimité dont on ignore tout. Douceur avec ses disciples, dans une quotidienneté qui nous échappe. Douceur avec ses amis, dans une proximité qui demeure secrète. Douceur au moment de la Passion.

Le 2e texte du Dimanche des Rameaux nous parle beaucoup de la douceur de Jésus: Mt 2l, 5 « Dites à la fille de Sion; voici que ton roi vient à toi, doux et monté sur un ânon et sur le petit d'une bête de somme ». Au lieu du cheval fringuant, le cheval du combat, du guerrier et du puissant attaquant Jésus monte sur un ânon ce qui veut dire que sa royauté n'a rien du caractère terrible, agressif et vengeur qu'on prêtait au Messie dans certains milieux. Cette image du roi monté sur un ânon, le prophète l'utilise en contraste avec l'idée de guerre, de violence, et d'agression à l'égard des autres.

Arrêté au Jardin des Oliviers, Jésus ne résiste pas et n'admet aucune brutalité : il guérit l'oreille de Malchus et fait rengainer l'épée de Pierre. Il se taira devant ses juges et ne ripostera pas aux injures de ses bourreaux. Cette non-violence de Jésus, qui aurait pu se défendre avec une armée d'anges comme il lui a été suggéré au moment de la tentation au désert, manifeste que la douceur est une des manières de vivre la pauvreté en esprit. Quel renoncement à sa volonté de puissance ne suppose-t-elle pas ! Quelle purification de ses instincts d'agressivité ! Quel dépouillement pour consentir à passer pour faible afin de faire triompher cette force intérieure qu'est la douceur ! Force, oui, car elle porte en elle le plus beau des héritages : la terre, c'est-à-dire la terre promise, le Royaume où il sera clair enfin que les derniers seront les premiers ! 

Ainsi la parole de Jésus se présentant comme « doux et humble de cœur » confirme bien cette pauvreté qu'est l'humilité, que la béatitude de la douceur suppose (Les Béatitudes, Pierre Talec 58-59). Jésus oppose constamment la non-violence à la violence. Il ne rend pas les coups qu'on lui fait ou qu'on lui donne. Bien au contraire, il se laisse violenter jusqu'à subir des procès, à être flagellé et couronné d'épines, et à mourir sur une croix.

Le Christ, le plus fort, est devenu le plus faible dans l'amour et l'oppression. Il peut sauver le plus dépravé de tous. Pour le Christ, le mal s'annule, il est vaincu. Le pire, c'est la dureté ou l'indifférence. Sa grâce essaie de nous assouplir, de nous raisonner pour que nous devenions vrais, c.à.d. vraiment bons. Son Esprit a pour mission de réaliser ce dessein en nous... Consentons à nous maîtriser, à devenir doux, voilà son unique demande.

C'est bien ainsi que l'entend aussi le Nouveau Testament. Dans les 11 passages des épîtres où figure, le mot "doux" le vocabulaire de la douceur désigne partout une attitude à l'égard d'autrui. Une attitude que l'épître de Jacques oppose à « l'amère jalousie » et l'esprit de chicane, esprit de division (Jc 3, 13) et à laquelle Tt 3, 2 il exhorte Tite en ces termes : « Rappelle à tous qu'il faut ... n'outrager personne, n'être pas batailleur, se montrer bienveillant, témoigner à tous une parfaite douceur ».

« Être bon avec soi-même – être doux avec soi-même » (Désidérata)

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La plupart des Pères, des auteurs de spiritualité et des exégètes contemporains comprennent que cette béatitude se rapporte aux personnes qui se montrent douces et bienveillantes dans leurs rapports avec le prochain. À remarquer que si la première béatitude traite d'une disposition d'ouverture à l'égard de Dieu, la douceur présente une attitude de bonté et de respect à l'égard des autres.

Cette béatitude nous apprend que pour vivre à la manière de Jésus, il nous faut être : celui qui ne s'emporte pas devant les contradictions de la vie et sait rester patient dans l'attente d'être comblé.

La douceur exige une transformation – une amélioration : pour changer l'eau dure, il faut du sel pour l'adoucir … de dure, l’eau devient douce. Le sol dur, exige que l’on travaille la terre pour la rendre meuble… capable de produire. Les doux, cœur et tempérament raides, ont été assouplis, transformés… une certaine maîtrise s'est établie.

Cette béatitude est un appel aux disciples de Jésus à vivre à sa manière.

Être doux, c'est le contraire d'être dur, exigeant, sans pitié à l'égard des autres; exiger qu’ils prennent mon pas, mon rythme. Il arrive parfois de considérer la douceur comme une vertu négative comme la marque de quelqu'un fragile, timide etc.

Remarquer combien de fois dans notre langage on utilise le mot  « doux » : eau-douce, lumière douce, voix douce, laine douce, hiver doux, pente douce, médecine douce, arriver en douce, filer doux...  Dans ces expressions on constate rien d'excessif, rien de brusque, de cassant, de résistant, – c'est plutôt agréable, discret, plaisant, délicat, bienveillant,.

La douceur selon Matthieu n'a rien d'une résignation passive; elle est une attitude (au niveau de l'être) une attitude positive d'accueil du Père de contemplation et de toute personne humaine. Douceur et humilité cohabitent. Les doux sont humbles devant Dieu et sans agressivité devant les personnes. St Augustin écrit: « Les doux cèdent aux injures, ne résistent pas au mal, mais ils sont vainqueurs du mal, par le bien ». Les doux sont des personnes humbles et patientes dans leurs rapports avec autrui. Ils supportent tout et leur attitude contraste avec l'impétuosité des caractères. La douceur est une conquête… on devient doux… Arriver à apprivoiser ses émotions, les dompter, les accueillir… se poser la question : Qu’est-ce que je fais avec…? Le presto n’est pas la solution…

Jules Beaulac écrit : « Quand on évoque la douceur, on pense spontanément à du miel, à du sirop d'érable, à de la soie ou à du satin, à une musique de flûte ou de piccolo ».  Il nous arrive de dire d'une personne douce: « C'est de la vraie soie..! » On signifie par là qu'elle ne se fâche jamais ou presque, qu'elle est de commerce agréable, qu'elle entretient de bonnes relations avec à peu près tout le monde.

Nous connaissons tous des personnes qui sont des montagnes de tranquillité; elles dégagent immanquablement des vibrations de douceur. Quand elles arrivent dans un milieu, leurs ondes se répandent sur les autres et leur font beaucoup de bien. Souvent ce sont des personnes effacées, silencieuses, presque oubliées; mais leur seule présence fait du bien à tout le monde. Quand elles sont là, il est pratiquement impossible à qui que ce soit de se mettre en colère: elles apportent la paix, elles désarment par le charme discret de leur douceur. Elles sont loin d'être comme "du papier sablé"... (rugueux). Elles sont comme le muguet, cette petite fleur toute simple qui se fait remarquer non par sa grandeur, mais par son parfum merveilleux qui se répand si vite partout où elle se trouve. (Jules Beaulac, Si tu cherches le Bonheur p.54-55)

La douceur est à la fois souplesse, fermeté et constance – permet de conserver son calme… Un doux a du caractère mais il se maîtrise. Pour s'adapter à notre temps, cette béatitude, pourrait être formulée ainsi : « Heureux les non-violents... les tolérants… ».

Plusieurs définitions de la tolérance qui a un visage positif  Concrétisons cette réalité…

Texte du Prions en Église signé : Pierre Guénette

« Ici, il y a moi. Là, il y a l’autre. Entre nous, il y a un espace pour moi et pour l’autre. Cet espace est celui de la tolérance.

La tolérance, c’est le respect, la cohabitation et le partage de nos vérités, de nos valeurs, de nos différences et de nos rêves.

La tolérance m’apprend à mieux me connaître, à devenir moi-même un peu plus chaque jour et, peut-être même, à découvrir des aspects de moi qui m’étaient étrangers. Ces découvertes m’ouvrent aux < étrangetés > de l’autre. L’échange avec lui, les liens que nous tissons contribuent à mon épanouissement et au sien.

La tolérance, c’est un élastique sur lequel on peut tirer … jusqu’à un certain point. C’est une bonne distance – que la sécurité routière donne à cette expression – qui évite les heurts.

La tolérance, est un lieu où nous sommes entre nous, entre gens responsables, solides sur leurs jambes, capables de dépasser la superficialité de leurs émotions et les discours à fleur de peau. Nous pouvons être vrais. La communication passe bien. Il n’y a pas de parasites – mensonges, mauvaise foi ou manipulation – sur les ondes que nous émettons.

La tolérance, c’est un projet à réaliser, une responsabilité à assumer, une mission à accomplir. »

La douceur se définit donc comme une attitude de bienveillance et de non-violence à l'égard des autres. La personne non-violente estime son adversaire. À l'image de Dieu qui ne confond pas le pécheur avec son péché, elle parvient à séparer, de sa violence et de son erreur, la personne qui la frappe, l'agresse (physique, morale psychologique, verbale et non verbale qui ignore).  Elle désire convaincre le violent et non le vaincre. La non-violence n'est pas naturelle, à tout le monde… La douceur est voisine de la compassion...

« Ne jugez pas »  dit Jésus dans le Sermon sur la Montagne (Mt 7, 1).  Juger est en effet un de ces comportements qui, dans les relations entre personnes, s'oppose à la douceur, en portant "attaque" à autrui et en lui causant du tort. (Attaquer c'est de la violence).

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Le doux accepte le temps de Dieu et la manière de Dieu. Il n'est donc pas un faible mais, au contraire un croyant qui, avec une grande force d'âme, sait attendre. Les béatitudes sont plus qu’une question de psychologie... elles désignent une attitude choisie à cause de Jésus Christ.

Il est sûr qu'il y a une force toute particulière attachée à la douceur. S'il y a la force brute, et même brutale, il y a également la force calme et sereine des doux. On pourrait la comparer, cette douceur, à la vague discrète qui lentement mais sûrement fait le tour du rocher alors que la vague violente qui veut le fracasser s'en retourne vaincue à la mer. Oui, les doux ont une force spéciale.

Par ailleurs la douceur, qui se fait patience et attention à l'autre, est source d'espérance pour beaucoup de personnes. Comment ne pas remarquer cette douceur chez Jean Vanier qui s'occupe des plus mal en point..; et de Mère Theresa qui a voué sa vie aux plus pauvres... Ces hommes et ces femmes qui prennent le temps d'attendre que l'arbre pousse avant de donner son fruit alors que le rendement, la vitesse et la production sont au-dessus de tout dans notre monde...

La patience accompagne la douceur mais n'oublions pas que pour être capable de patience, de douceur envers les autres il faut d'abord l'être pour soi.

La douceur ne s'achète pas. Elle naît d'un amour, d'une foi, d'une espérance, d'un combat de bonté. Le doux réussit là ou le violent a échoué. Le doux respecte l'autre infiniment, son cœur, sa liberté, ses décisions.

Les vrais doux sont d'abord, par rapport à Dieu, ceux qui acceptent de ne pas posséder Dieu, de ne pas le prendre de force, de ne pas l'acheter par des moyens ascétiques, magiques. Il s'agit de ne pas faire violence à Dieu, de ne pas vouloir à tout prix obtenir de Lui ce que l'on désire; il s'agit de lui faire confiance, d'accepter doucement ce qu'il veut : l'acquiescement au temps est l'un des signes les plus nets de la vraie douceur qui n'enjambe pas sur la Providence. Certains voudraient êtres des saints aussitôt; il y a une longue, patiente et douce mort à soi-même.

Jésus doux et humble de cœur a accepté la volonté de Dieu et l'heure de Dieu après avoir accepté, jour après jour, les impulsions que son Père lui donnait à mesure même de ses rencontres d'intimité avec lui... Jésus ne s'est pas présenté, comme à l'écart de notre condition humaine, une sorte d'ange souriant, qui aurait plané au-dessus de notre monde; Jésus s'est présenté comme un incarné qui a affronté les conflits de la terre.

Le Christ, fort et vainqueur, habite le doux. La force se puise dans la douceur.

Être doux : c'est vivre chez soi sans autodéfense, où un Être cher nous attend pour nous parler, nous écouter dans le calme, la confiance.

Les doux sont malléables sous la main de Dieu qui peut les créer et recréer, sans résistance de leur part. À eux cette terre promise ou coulent le lait et le miel, aliments doux et nourrissants.

« Heureux toi le doux, heureux es-tu si tu te laisse habiter par une soif de Vérité, cette force d’âme qui ne recours plus à la violence. »

Heureux les doux car ils possèderont la terre!
La douceur du Seigneur soit sur vous, sur nous!

Ps 90, 17

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TEMPS D’INTÉGRATION

–     Que m'apprend cette béatitude : « Heureux les doux car ils recevront la terre en héritage ».

–     Est-ce que je me refuse à vivre la béatitude de la douceur en affirmant : « Je n’y peux rien, c’est dans ma nature d’agir ainsi ? »

–     Quels sont les derniers gestes de douceur que j’ai posés, alors que j’étais intérieurement bouleversé?

–     Qu’est-ce qui a le don de me faire perdre la maîtrise de mes émotions ?

–     Qu'est-ce que je pourrais changer ou améliorer, pour que là où j'ai les pieds, ce qui peut ressembler à de la violence disparaisse et que la douceur s'installe ?

« Heureux les doux »… La douceur, il est vrai, est toujours une qualité appréciée dans notre monde parfois si violent. La douceur, enseignée par Jésus, n’est toutefois pas synonyme de  « bonasserie »  ou de « faiblesse ». C’est une valeur évangélique d’importance : le Seigneur promet aux doux la terre en héritage, rien de moins. C’est un pensez-y bien. Qu’est-ce à dire ? (Réf. Jules Beaulac, Si tu cherches le Bonheur, les Béatitudes)

Sr Lise Marsan, ss.cc.j.m.
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