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Dieu au féminin

(Gn 1, 27) « Dieu créa l’être humain à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. »

La symbolique du féminin se laisse découvrir au fil des pages de la Bible , livrées habituellement sous le mode masculin. Israël est souvent présenté comme une figure féminine. Les noms de villes ou de pays sont en hébreu du genre féminin. Sion est identifiée, dans le Psaume 87, comme « la mère des peuples », celle que tous les peuples voisins d’Israël, Égypte (« Rahab »), Éthiopie, Syro-Palestine, Palestine vont reconnaître comme mère.

Mais Sion, chacun lui dit : « Mère! Car en elle chacun est né, » (Ps 87, 5).

Ce psaume s’inspire du prophète Isaïe qui annonçait le rôle maternel très fécond de Sion.

Crie de joie, stérile, qui n’enfantait pas; éclate en cris de joie et d’allégresse, toi qui n’as pas eu les douleurs! Car plus nombreux sont les fils de l’abandonnée que les fils de l’épouse, dit Yahvé. Élargis l’espace de ta tente, déploie tes tentures sans contrainte, allonge tes cordages, renforce tes pieux! Car tu vas éclater à droite et à gauche. Ta race possédera des nations et les tiens peupleront des villes abandonnées. (Is 54, 1-3).

Les métaphores féministes pour parler de Dieu se retrouvent dans un certain nombre de passages scripturaires et font entrevoir les multiples facettes de la féminité en Dieu.

Dieu comme une femme qui donne naissance

« Je gémis comme celle qui enfante, je suffoque et j’étouffe » (Is 42, 14).

« Tu oublies le Rocher qui t’a mis au monde, tu ne te souviens plus du Dieu qui t’a engendré » (Dt 32, 18).

« La pluie a-t-elle un père qui engendre la rosée? Quelles entrailles produisent la glace et donnent naissance à la gelée du ciel? » (Jb 38, 28-29).

« C’est toi qui m’a tiré du ventre, confié aux mamelles de ma mère; sur toi je fus jeté au sortir des entrailles, dès le ventre de ma mère, mon Dieu c’est toi » (Ps 22, 10-11).

Paul utilise une image plus transcendante de Dieu comme une mère. Dans son discours devant l’Aréopage d’Athènes : « … elle est celle en qui nous avons la vie, le souffle, le mouvement et l’être » (Ac 17, 25 et 28).

LES FEMMES DANS LA BIBLE

Introduction
Les femmmes dans la Bible : Le patriarcat
Les femmes de l'Ancien Testament
Les femmes dans la généalogie de Jésus
Quelques autres femmes de l'A. T.
Des femmes du Nouveau Testament
Des femmes accompagnaient Jésus
Dieu au féminin
Nous, maintenant, par rapport à cela

Dieu comme une femme qui allaite

« Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit, cesse-t-elle de chérir le fils de ses entrailles? Même s’il s’en trouvait une pour l’oublier, moi, je ne t’oublierai jamais! » (Is 49, 15).

Au Livre des Nombres, Moïse intercède auprès de Yahvé en faveur du peuple affamé, en lui rappelant son rôle de mère nourricière : « Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple, est-ce moi qui l’ai enfanté, que tu me dises : « Porte-le sur ton sein, comme la nourrice porte l’enfant à la mamelle, au pays que j’ai promis par serment à ses pères? » (Nb 11, 12).

Dieu dans d’autres activités maternelles

Le prophète Osée rappelle à Israël comment Dieu s’est occupé de lui comme un enfant choyé et qui n’a pas su reconnaître tous les bons soins qui lui ont été prodigués.

« Quand Israël était enfant, je l’aimai, et de l’Égypte j’appelai mon fils. Mais plus je les appelais, plus ils s’écartaient de moi; ils ont sacrifié aux Baals et fait fumer des offrandes devant les idoles. Moi, pourtant, j’apprenais à marcher à Éphraïm, je les prenais dans mes bras, et ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux! Je les menais avec de douces attaches, avec des liens d’amour; j’étais pour eux comme celui qui élève un nourrisson tout contre sa joue, je me penchais sur lui et lui donnais à manger » (Os 11, 1-4).

Le prophète Isaïe se réfère également à une métaphore maternelle dans le passage suivant : « Écoutez-moi, maison de Jacob, tous ceux qui restent de la maison d’Israël, vous qui avez été portés dès la naissance et dont je me suis chargé dès le ventre maternel. Jusqu’à votre vieillesse, je resterai le même, jusqu’à vos cheveux blancs je vous soutiendrai. Je l’ai déjà fait, je vous ai portés, je vous soutiendrai, je vous délivrerai » (Is 46, 3-4).

On peut aussi penser qu’Ézéchiel suggère un Dieu mère quand il parle de la purification par l’eau, puisqu’il revient habituellement aux mères de nettoyer.

« Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos idoles je vous purifierai » (Ez 36, 25).

La confection des vêtements est habituellement une autre tâche féminine dont l’on peut retrouver une allusion dans les passages suivants :

« Yahvé Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en vêtit » (Gn 3, 21).

« Ne m’as-tu pas (…) vêtu de peau et de chair, tissé en os et en nerfs? » (Jb 10, 11).

« Que si, dans les champs, Dieu revêt de la sorte l’herbe qui est aujourd’hui, et demain sera jetée au four combien plus le fera-t-il pour vous, gens de peu de foi! » (Lc 12, 28).

Essuyer les larmes est un geste de support souvent laissé aux femmes.

« Comme un fils que sa mère console, moi aussi je vous consolerai » (Is 66, 13).

« Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21, 4)

Dieu comme une sage-femme

« Ouvrirais-je le sein pour ne pas faire naître? dit Yahvé. Ou bien, moi qui fais naître, le fermerais-je? Dit ton Dieu » (Is 66, 9).

« Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement » (Rm 8, 22).

Au contraire, si j’ai insisté pour faire voir que Dieu était présenté sous des figures féminines en maints passages scripturaires, c’est que « jamais la Bible n’a formulé que Dieu bien que représenté au masculin, avait un sexe! » (Annie Jaubert, Les Femmes dans l’Écriture, p. 21).

Des moines cisterciens comme Bernard de Clairvaux, Anselme de Canterbury, ont également développé au Moyen Âge une dévotion à Jésus comme mère. Les recherches historiques de Caroline Walker Bynum, Jésus as Mother (Berkeley, University of California Press, 1982), nous en font connaître toute l’intensité.

Des mystiques qui sont des êtres illuminés de l’intérieur, ont révélé les dimensions maternelles de Dieu. Julienne de Norwich, une mystique anglaise (1342-1413) a dévoilé une Trinité au féminin :

Travail de femmes exégètes

sur les représentations féminines de Dieu

Phyllis Trible, God and the Rhetoric of Sexuality, Philadelphia , Fortress Press, 1978. Elle utilise une herméneutique (science de l’interprétation) féministe pour « retrouver les vieux trésors et en découvrir de nouveaux dans le domaine de la foi » (p. XVI). L’étude de la métaphore des entrailles de la femme à partir des histoires de Sara, Rachel, Anne, lui a permis de discerner « le mouvement sémantique allant des entrailles des femmes à la compassion de Dieu. » (p. 56). Le passage de Jérémie 31, 15-22 illustre bien ce mouvement en se référant aux lamentations de Rachel qui pleure ses fils dans Rama.

« Éphraïm est-il donc pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré, que chaque fois que j’en parle je veuille encore me souvenir de lui? C’est pour cela que mes entrailles s’émeuvent pour lui que pour lui déborde ma tendresse, oracle de Yahvé. » (Jr 31, 20).

Dieu apparaît ainsi non seulement avec la bonté d’un père mais aussi avec la tendresse d’une mère.

Virginia Ramey Mollenkott, The Divine Feminine. The Biblical Imagery of God as Female. New York, Crossroad, 1983. Elle a retracé les principales images féminines de Dieu : Dieu comme une mère nourricière. Dieu comme une sage-femme, le Christ comme un pélican femelle, Dieu comme une mère ourse, Dieu comme une maîtresse de maison, Dieu comme la Bien-aimée , Dieu comme la mère aigle, Dieu comme la mère poule, Dieu comme Dame sagesse.

Maternité en Dieu chez Julienne de Norwich,
une mystique anglaise (1342-1413)

Je compris qu’elle a ces trois propriétés : la paternité, la maternité, la souveraineté, en un seul Dieu…, je compris que la toute-puissance de la Trinité est notre Père; que sa profonde sagesse est notre mère; que son grand amour est notre souverain… En notre Père tout-puissant, nous avons notre être; en notre Mère par miséricorde, Jésus… nous sommes réformés et relevés; et par les dons du Saint-Esprit, mérités ou gratuits, nous parvenons à la perfection finale (ch. 58).

Jésus est notre vraie Mère; nous lui devons l’existence, condition première de toute maternité, et notre conservation avec une tendresse d’amour sans cesse renouvelée. Dieu est notre Mère aussi véritablement qu’il est notre Père… Jésus est donc notre vraie Mère quant à la nature, en vertu de notre création, et notre vraie Mère par la grâce, en conséquence de son Incarnation. Toutes les belles fonctions et les doux offices de la maternité sont la part de la seconde Personne (ch. 59).

L’office de la Mère est le plus intime, le plus empressé, le plus sûr. Le plus intime, car il est le plus conforme à la nature; le plus empressé, car il est le plus rempli d’amour; le plus sûr, car il est le plus vrai. Personne autre que Jésus n’a jamais pu, ni ne pourra jamais le remplir dans toute sa perfection… Il nous a tous portés en lui avec amour, travaillant et peinant pour nous jusqu’au temps fixé par lui pour souffrir les plus cruelles angoisses et les plus rudes douleurs qui furent ou qui seront jamais endurées… Il ne peut plus mourir, mais il voudrait ne pas cesser d’opérer; alors, il nous nourrit. C’est pour lui comme une dette contractée à notre égard par son amour maternel. La mère nourrit son enfant de son lait. Notre divine Mère, Jésus, nous nourrit de sa chair dans la sainte Eucharistie, qui est le précieux aliment de notre vie. Une mère peut appuyer tendrement son enfant sur son sein. Notre tendre Mère, Jésus, peut nous introduire dans le sien, par la plaie de son côté…

Sr Lise Plante, ss.cc.j.m.
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