Je cite d'abord Jean-Paul II dans son exhortation apostolique Christi fideles Laïci:
Notre époque est tout à la fois dramatique et fascinante. Tandis que d'un côté les hommes semblent rechercher ardemment la prospérité matérielle et se plonger toujours davantage dans le matérialisme de la consommation, d'un autre côté on voit surgir une angoissante quête de sens, un besoin d'intériorité, un désir d'apprendre des formes et des méthodes nouvelles de concentration et de prière. Dans les cultures imprégnées de religiosité, mais aussi dans les sociétés sécularisées, on recherche la dimension spirituelle de la vie comme antidote à la déshumanisation. Le phénomène que l'on nomme «retour du religieux» n'est pas sans ambiguïté, mais il contient un appel.
Le Cardinal Daneels, dans une lettre sur le «Nouvel Âge», affirme pour sa part:
La surprise, dit-il, est complète en matière de pastorale. L'Église s'est sérieusement préparée à la confrontation avec un homme parfaitement sécularisé, athée, entièrement pris par des préoccupations matérielles. Et que rencontre-t-elle actuellement? Un homme inquiet, en recherche de religieux, que les fruits de la science et de la technique n'enchantent plus tellement.
Quelles sont ces attentes profondes des femmes et hommes de ce temps dont parlent Jean-Paul II et le Cardinal Daneels?
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- La question du sens à la vie est primordiale aujourd'hui. On cherche une spiritualité connectée avec la vie. On veut une «vie signifiante»!
En ces temps qui sont les nôtres, chacun-e de nous veut une vie de qualité, dense, intense.
On considère aujourd'hui comme «spirituelle» toute personne ouverte au mystère et vivant selon ses vraies dimensions.
- On veut une spiritualité qui soit expérience de Dieu.
Le chrétien, la chrétienne d'aujourd'hui doit, d'une certaine façon, pouvoir répéter avec André Frossard: «Dieu existe, je l'ai rencontré».
La femme, l'homme d'aujourd'hui sont convaincu-e-s que «Dieu peut être expérimenté en toute situation, chaque fois que nous pénétrons dans les profondeurs de la vie, là où elle révèle ses failles, prêtes à accueillir le transcendant» (Léonardo Boff).
- On veut une spiritualité qui amène à s'engager dans le monde pour un avenir meilleur.
Le monde nous est donné et confié; c'est un lieu de construction et le matériau de notre histoire, où nous devons avant tout créer un ordre humain. Autrement dit, les chrétiens-nes, comme et avec l'ensemble des humains, doivent se passionner pour leur activité quotidienne avec la conviction de collaborer ainsi à l'accomplissement du monde en Christ. Autrement, ils priveraient de sens spirituel la quasi-totalité de l'existence.
- On veut une spiritualité unifiante et libératrice (pour soi, pour les autres):
…tournée vers les opprimés...
…qui comprend son devoir de dénonciation prophétique des injustices...
…qui se solidarise avec les pauvres pour promouvoir de l'intérieur leur libération intégrale.
- On veut une spiritualité communautaire.
Le «Je n'ai qu'une âme qu'il faut sauver» est bien loin.
Faire communauté, vivre ensemble, être en communion, sont des mots-clés de la vie contemporaine... Ils expriment tout au moins une attente.
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